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, Ouvre une nouvelle fenêtreAngers Loire Métropole va se doter d’un projet alimentaire territorial d’ici à la fin de l’année. Objectif: une alimentation de proximité, durable et accessible à tous. Explications.
Raccourcir les circuits de distribution pour rapprocher les producteurs et les consommateurs, agir pour que les terres agricoles périurbaines soient davantage préservées de l’étalement urbain, introduire plus de bio dans les assiettes des scolaires... Et si la question de l’alimentation devenait l’un des pivots de l’action publique? "C’est déjà le cas, mais cela en prend de plus en plus le chemin afin de tendre vers une alimentation durable, de proximité et accessible à tous", assure Franck Poquin, vice-président à l’Energie, à l’Agriculture et au Développement durable.
Pour y parvenir, Angers Loire Métropole, en partenariat avec la Chambre d’agriculture régionale, se dotera d’un projet alimentaire territorial (PAT) d’ici à la fin de l’année.
De quoi s’agit-il? "Ce cadre d’actions permettra de structurer l’offre alimentaire de proximité, de défendre une agriculture durable et ses différentes filières, de soutenir des initiatives locales. Notre rôle sera aussi de mettre en réseau les acteurs du territoire comme les producteurs, les consommateurs-citoyens mais aussi les distributeurs, les transformateurs, etc.", poursuit l’élu.
Pour y parvenir, un diagnostic permettant de jauger l’offre alimentaire et la demande en matière d’achats et de consommation sera établi. C’est d’ailleurs l’objet d’une enquête menée d’avril à juin sur le site de l’Aura (Agence d’urbanisme de la région angevine, www.aurangevine.org, Ouvre une nouvelle fenêtre).
Un contexte favorable
Angers et son territoire ne partent pas de rien. Une étude menée en 2017 montre que le potentiel agricole angevin arrive en tête des territoires de même taille, juste après Avignon et à égalité avec le territoire nantais. En "bio", Angers affiche la meilleure couverture des villes françaises de plus de 150000 habitants.
Autre atout: le dialogue entre les collectivités et la profession agricole est engagé de longue date. "Ce projet alimentaire territorial ne sort pas du chapeau. Il figure en bonne place dans le Projet agricole du territoire voté en 2017 et aura le mérite, entre autres, de renouer le dialogue entre les consommateurs et les agriculteurs", explique Paul-Bernard Rabin, président de l’antenne Angers-Confluences de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire.
Sur le territoire, de nombreuses initiatives attestent de l’engagement des communes sur cette question. Exemples avec Le Plessis-Grammoire, Mûrs-Erigné et Saint-Léger-de-Linières (Saint-Léger-des-Bois) qui ont déjà fait le choix d’une restauration collective 100% maison et basée sur les produits locaux, à l’instar de l’Etablissement public angevin de restauration collective (Eparc), qui continue d’augmenter la part des produits locaux dans l’assiette des scolaires notamment.
"Mieux manger est devenu l’affaire de tous. Voici pourquoi la plupart de nos politiques publiques intègre déjà cet axe, précise encore Franck Poquin. Pour cela, Angers Loire Métropole soutient des associations et entreprises de l’économie sociale et solidaire, comme l’opération des Filets solidaires portée par le centre communal d’actions sociales d’Angers ou encore les Jardins de Cocagne et le restaurant solidaire Resto-troc dans le quartier Belle-Beille à Angers. Cela permet de rapprocher les acteurs de la distribution et de la transformation avec les acteurs du social et de la santé. Les plans d’aménagement du territoire sont aussi là pour protéger les espaces naturels et limiter le mitage des terres agricoles. Cela contribue à maintenir nos capacités de production. Cette préoccupation se retrouve aussi dans toutes les opérations menées par la collectivité pour limiter le gaspillage alimentaire."
Franck Poquin, vice-président à l’Energie, à l’Agriculture et au Développement durable.
Pourquoi un Projet alimentaire territorial?
Cette feuille de route va permettre d’accentuer nos politiques publiques en faveur d’une alimentation saine, durable, de proximité et accessible à tous. Tous les champs de l’action publique sont désormais concernés par cette question sociétale, environnementale liée à la transition écologique. Avec la Chambre d’agriculture, notre rôle sera de faciliter les initiatives locales et de mettre en réseau les acteurs comme les producteurs et les agriculteurs, les distributeurs, les associations, les consommateurs, les enseignants et les chercheurs, les industries... Ce projet alimentaire concerne tout le monde.
Quelles pistes de travail seront favorisées?
En septembre, l’état des lieux relatif à l’offre et à la demande et aux attentes des ménages nous permettra de travailler à l’appui de données réelles. Les grandes orientations pressenties porteront sur le soutien aux circuits courts, à l’augmentation des approvisionnements en produits locaux dans la restauration collective; le tout en veillant à favoriser une approche environnementale et sociale.
Pouvez-vous donner des exemples concrets d’une politique en faveur de l’alimentation?
Le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) s’engage à respecter les espaces agricoles et naturels en limitant plus encore l’étalement urbain. Ce n’est qu’un exemple mais cela montre à quel point l’alimentation est devenue un sujet transversal et multipartenarial. Je pense aussi aux ateliers mis en place pour lutter contre le gaspillage alimentaire, à la distribution des Filets solidaires, au soutien de la viande bovine produite dans les Basses Vallées angevines dans le respect de la faune, au contrat local de santé, au soutien que nous apportons à l’économie sociale et solidaire et aux chantiers d’insertion comme les Jardins de Cocagne, le restaurant solidaire Resto-tro... Les exemples sont légion.
Paul-Bernard Rabin, président de l’antenne locale Angers-Confluences de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire
Le projet alimentaire territorial se prépare. Quels enjeux y voyez-vous?
Il découle du Projet agricole d’Angers Loire Métropole, acté pour les années 2017-2021, et du partenariat qui unit nos structures de longue date. Le Projet alimentaire territorial va permettre de répondre à un nouvel enjeu de société. Les Français sont de plus en plus nombreux à vouloir manger local. C’est plus qu’une tendance, c’est une prise de conscience liée à la santé, à l’environnement, à la transition énergétique... Ce projet est aussi l’occasion de cerner les attentes des habitants et revient à poser la question de l’occupation future des terres agricoles. Que voulons-nous faire de nos espaces agricoles sachant qu’en marge des circuits courts, nous aurons toujours besoin d’une agriculture de masse et de qualité, pour approvisionner, par exemple, la restauration collective ou les grandes et moyennes surfaces. Toutes les filières sont concernées.
Est-ce l’occasion pour les exploitants de renouer le dialogue avec les consommateurs?
L’agriculture a besoin de dire ce qu’elle fait. L’élaboration du Projet alimentaire territorial a donc aussi cet intérêt pédagogique. Notre profession va se renouveler profondément d’ici quelques années. 25 % des agriculteurs ont aujourd’hui plus de 55 ans. Cette tendance nationale se vérifie aussi sur le territoire angevin. Le travail mené à l’occasion de ce projet est une belle occasion de tout poser sur la table et de déboucher sur une feuille de route capable de répondre aux enjeux de nos métiers.
Engagé depuis plus de dix ans auprès des fournisseurs régionaux, l’établissement public angevin de restauration collective (Eparc) est déjà bien avancé sur le terrain des circuits courts. Avec 13500 repas servis chaque jour dans dix-sept communes et près de 80 établissements de l’agglomération (écoles, crèches, centres de loisirs), l’Eparc achète chaque année pour 3,3 millions d’euros d’achats de denrées alimentaires, dont 48 % sont issus du local.
Pâtes bio de la ferme du Point du jour à Jarzé, produits laitiers de l’exploitation Douceur Angevine à Longuée-Jumelle, légumes frais de l’établissement et service d’aide par le travail de La Gibaudière à Bouchemaine… "Les volumes importants de vente que nous assurons aux producteurs peuvent aider à la structuration de certaines filières et à sécuriser leurs investissements et leur développement", indique Sophie Sauvourel, directrice de l’Eparc à Angers Loire Restauration. "Le projet alimentaire territorial (PAT) pourrait permettre à l’Eparc de réduire encore son rayon géographique d’approvisionnement. Les producteurs locaux pourront en profiter pour se regrouper et assurer ainsi les importants volumes dont nous avons besoin. De la même façon, nous aurons une lisibilité exhaustive de l’offre de proximité. Autre enjeu enfin, le PAT pourra permettre à notre structure de répondre aux attentes croissantes des municipalités et des familles sur le fait de consommer plus local."
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