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, Ouvre une nouvelle fenêtreGérés en direct par Angers Loire Métropole, la potabilisation de l’eau et son assainissement portent la métropole au rang des meilleurs élèves de France. Sans oublier les efforts de la collectivité pour préserver le cycle de l’eau et maintenir les milieux naturels en bon état écologique.
On ne le sait pas assez, mais Angers Loire Métropole aurait matière à se distinguer sur le plan national pour sa gestion de l’eau et de l’assainissement. Avec un prix parmi les plus bas de France (3,67 euros TTC/m3), des indicateurs de qualité élevés, des équipements dotés de technologies avancées et une station d’épuration proche du "zéro carbone" (voir ci -dessous), la collectivité réussit le pari de gérer cette fonction vitale et historique en autofinancement. "Les économies d’échelle sont réinvesties sans recours à l’emprunt, l’eau paye l’eau", résume le vice-président au Cycle de l’eau, Jean-Paul Pavillon. Un tour de force pour peu que l’on se penche sur le patrimoine colossal que cela représente.
"Une canalisation peut tenir entre 80 et 100 ans voire au-delà, mais nous n’attendons évidemment pas sa fin de vie pour intervenir. Au quotidien, une cinquantaine d’agents œuvre sur la voirie pour réparer, consolider, curer, déboucher, prévenir les pannes et les ruptures... Cela fait longtemps que plus personne ne se pose la question de savoir comment une eau potable arrive au robinet et ce qu’elle devient après. Cela reste pourtant un engagement de chaque instant", sourit Frédéric Espéret, le directeur "eau et assainissement" à Angers Loire Métropole.
Seconde canalisation dans le lit de la Loire
Il faut aussi parer aux mauvaises surprises. "Lorsque nous avons repris en gestion directe les communes de Loire-Authion, nous avons découvert que l’eau produite par la station de La Bohalle était chargée en pesticides. Tout est rentré dans l’ordre depuis...", rassure le directeur. Après celles de Briollay, Soucelles, Villevêque et Saint-Clément-la-Place, la station d’épuration de Feneu fera elle aussi l’objet d’une cure de jouvence en 2021. L’agglomération en compte 42 et plus de 200 postes de relevage. Un arsenal sans lequel les eaux usées ne seraient pas certifiées pour leur rejet dans les milieux naturels qu’Angers Loire Métropole a aussi la responsabilité de maintenir en bon état écologique (lire plus bas). S’y ajoutent réservoirs au sol, pompes, purges pour acheminer partout l’eau potable.
Gérer, c’est aussi anticiper. Angers Loire Métropole se prépare ainsi à aménager une seconde canalisation "maîtresse" dans le lit de la Loire et de l’Authion. "Celle qui fait le travail actuellement date de 1977, et même si tout va bien, il faut préparer l’avenir...", poursuit le directeur.
Pour cela, 9 millions d’euros seront investis sur trois ans. Pour l’heure, le grand chantier du moment se concentre sur les bords de Loire, à l’usine de production d’eau potable des Ponts-de-Cé. C’est ici que sont puisés chaque année près de 21 millions de mètres cube d’eau avant leur potabilisation. "Nous remplaçons toutes les membranes qui permettent de filtrer l’eau dans ses moindres microparticules afin de la débarrasser de toutes ses bactéries, mais pas de ses sels minéraux", conclut encore Frédéric Espéret. Pour cela, 2 millions d’euros seront nécessaires.
La station de dépollution des eaux usées de La Baumette n’a jamais si bien porté son nom. En plus de purifier les 40000 m3 d’eau sale qui s’y déversent chaque jour (soit les eaux usées produites par près de 70% des habitants de l’agglomération), le site va plus loin en produisant, depuis deux ans du biogaz, équivalant à la consommation en chauffage de 1800 foyers. En 2023, un parc photovoltaïque y sera également aménagé, sur un hectare, pour produire environ 15% des besoins de la station en électricité. "Le bilan énergétique de la station d’épuration de La Baumette comptera alors parmi les plus performants de France", confirme Frédéric Espéret, directeur eau et assainissement d’Angers Loire Métropole. "Ce n’est pas tout à fait nouveau, car le process industriel permet déjà de valoriser tout ce qui peut l’être. Une pompe à chaleur et des échangeurs se chargent, par exemple, de récupérer les calories produites par différents moteurs pour réchauffer le digesteur produisant le biogaz."
Valoriser le CO2
Ce n’est pas tout. Au printemps dernier, l’exploitant du site OTV Véolia a mené une expérimentation sur le CO2 issu de la méthanisation des boues. "A ce jour, 65% du méthane est valorisé en biogaz, restent 35% de CO2 rejetés à l’air libre. L’idée serait de le valoriser pour obtenir du bicarbonate de soude, utilisable par exemple dans le désherbage des espaces verts", précise à son tour le directeur du site, Dominique Babin (OTV Véolia).
Séduisante, l’idée a retenu l’attention d’Angers Loire Métropole, qui doit encore en étudier la faisabilité en situation réelle, dans ses parcs par exemple. A noter enfin que La Baumette valorise près de 400 m3 de boues chaque jour. Ces matières indésirables représentent la fraction solide récupérée dans les eaux usées. Séchées au maximum, celles-ci sont ensuite proposées sous différentes formes aux exploitants agricoles qui les utilisent pour fertiliser leurs terres.
Ce tarif comprend la collecte, le traitement et la distribution de l’eau potable d’une part; et de l’autre, le traitement des eaux usées. S’y ajoutent des taxes et redevances. L’Etat prélève une TVA de 5,5% sur la distribution de l’eau. La partie relative à l’assainissement des eaux usées est taxée à 10%.
Les redevances sont quant à elles versées aux Agences de l’eau. Ces établissements publics sont chargés de lutter contre la pollution, de moderniser les réseaux, préserver les ressources naturelles et les milieux aquatiques, mettre en place des actions d’animation et d’information.
Vous avez dit "Gémapi"? Pour disposer d’une eau de qualité au robinet, encore faut-il disposer d’une eau de qualité en amont. Cela implique d’être performant en aval, au moment de rejeter les eaux usées dans les milieux naturels récepteurs. Si on ajoute à cela la gestion des eaux pluviales, on obtient le grand cycle de l’eau, sans lequel rien n’aurait vraiment de sens. Sur le territoire angevin, trois syndicats* se partagent la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (Gémapi) pour le compte d’Angers Loire Métropole. "Ce travail consiste à garantir le bon état écologique des rivières. On entend par là qualité de l’eau, mais aussi quantité et équilibre du milieu vivant, donc de la biodiversité, explique Jean Rousselot, responsable de la Gémapi à Angers Loire Métropole. Entre autres actions et aménagements, nous restaurons des cours d’eau et des zones humides."
* Correspondants aux bassins versants de Layon-Aubance-Louets, des Basses Vallées angevines et de la Romme et de l’Authion et de ses affluents.
Jean-Paul Pavillon, vice-président en charge du Cycle de l'eau
La gestion de l’eau et de l’assainissement par la collectivité sur l’ensemble du territoire pourrait-elle faire référence sur le plan national?
C’est un objet de fierté en effet. L’eau, on en parle beaucoup quand une canalisation rompt, quand des travaux gênent sur la voirie ou au moment de payer la facture. Pourtant, l’eau que produit Angers Loire Métropole présente non seulement de très bons indices de qualité, mais elle reste parmi les moins chères de France. J’aimerais inverser la vision que l’on a de ce service de l’eau et de l’assainissement, et dont le fonctionnement est autofinancé à hauteur de 61 millions d’euros chaque année. Les économies d’échelle réalisées sont réinvesties pour maintenir le patrimoine en bon état, le moderniser sans cesse et accompagner la transition écologique.
La station de dépollution des eaux usées de La Baumette à Angers en est-elle un exemple?
Oui, car ce site va plus loin que le traitement des eaux usées. Depuis près de trois ans, le méthane issu de la digestion des boues est transformé en biogaz. Le cercle est d’autant plus vertueux qu’Angers Loire Métropole vient de mettre en circulation ses premiers bus au gaz naturel. Un nouveau pas sera franchi d’ici à 2023 avec l’aménagement d’un parc photovoltaïque qui permettra à la station de produire 15% de sa consommation électrique.
Si on considère le cycle de l’eau dans son ensemble, où se situent les marges de progrès?
Incontestablement dans la manière d’organiser la gestion des eaux pluviales. En 2022, Angers Loire Métropole reprendra cette compétence exercée jusqu’alors par les communes, mais nous avons déjà commencé à faire un état des lieux du territoire. Cette question est fondamentale car les eaux pluviales se polluent en ruisselant, et se déversent ainsi dans nos milieux naturels au risque de détruire la biodiversité. Les choses doivent changer. Désormais, la question des eaux pluviales doit être intégrée en amont de chaque projet d’aménagement.
Le nombre de kilomètres de réseaux qui parcourent l’agglomération pour acheminer l’eau potable et les eaux usées, soit 2 380 km dédiés à la distribution de l’eau potable jusqu’au robinet de l’ensemble des communes, et 1234 km de canalisation destinés à recevoir les eaux usées avant leur traitement.
En millions d’euros: le montant du budget de fonctionnement alloué à la production d’eau potable (33 millions d’euros) et à son assainissement (28 millions d’euros).
En millions d’euros, la somme attribuée chaque année au renouvellement des canalisations d’eau potable (5,4 millions d’euros) et d’eaux usées (7 millions d’euros).