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, Ouvre une nouvelle fenêtreDès juillet, Angers Loire Métropole se donnera pour objectifs de remplir ses bus et ses tramways et de convaincre sur les alternatives comme le transport à la demande, le covoiturage, le vélo et même la marche à pied.
Tisser un réseau de transport en commun qui ne laisse personne au bord du chemin n’a jamais été aussi complexe. Avec l’ouverture des nouvelles lignes de tramway, le 8 juillet, celui-ci devra pourtant répondre à la grande majorité des besoins dans tout le territoire: ceux des scolaires, des usagers occasionnels, des employés des zones d’activité périphériques, des habitants d’Angers, de première et deuxième couronne… "Et tout ça dans un monde qui bouge sans cesse. Depuis 2020, ça va très vite: le Covid a entraîné des changements dans la manière de travailler, et recruter des conducteurs reste compliqué. Aujourd’hui, les ménages et les collectivités doivent compter avec l’inflation globale dont celle des prix des carburants. Acculés par l’urgence climatique enfin, nous n’avons plus d’autre choix que de réfléchir individuellement et collectivement aux conséquences de toutes nos habitudes de vie", résume la vice-présidente en charge des Déplacements et des Mobilités, Corinne Bouchoux.
S’il faut attendre le printemps pour déplier la carte du nouveau réseau Irigo, celui-ci a déjà dévoilé ses grandes lignes. Premier constat: rien de ce qui fonctionne bien ne sera défait. Second constat: le cap de la transition écologique a indéniablement présidé à sa construction. "Nous voulons retrouver les 10% d’usagers perdus depuis le Covid, capter les voyageurs occasionnels, trop peu nombreux, et inciter ceux qui le peuvent à laisser leur voiture chez eux… Ceci en amplifiant le covoiturage (lire ci-dessous), l’usage du vélo, la marche à pied… Continuer à acheter des bus pour les remplir sur deux kilomètres, cela a-t-il encore du sens?" Si la part d’ajustement restera possible, des leviers fermes seront actionnés pour tenir des objectifs ambitieux.
25% d’usagers en plus
A terme, Angers Loire Métropole veut remplir ses bus et ses tramways avec 25% d’usagers en plus, par rapport aux 120000 voyageurs par jour actuels. Pour y parvenir, outre les lignes A, B et C de tramway, les lignes de bus les plus fréquentées du réseau (de 1 à 4 vers Saint-Barthélemy-d’Anjou, Trélazé et Les-Ponts-de-Cé/Mûrs-Erigné, Avrillé, le parc des expositions et le quartier Lac de Maine) garderont un itinéraire identique toute l’année, soirs et dimanches compris. De nouvelles lignes express feront la navette, du matin au soir et jusqu’à toutes les 30 minutes en période de pointe, entre Angers et Mûrs-Erigné et Angers et Beaucouzé. Elles s’ajouteront à celles déjà existantes vers Bouchemaine et Montreuil-Juigné. Tôt le matin, des bus prendront la direction des zones d’activité de l’Océane et de l’Atlantique, par exemple, pour se raccorder aux horaires des scolaires sur le trajet retour.
Le nouveau réseau veillera également à faciliter la combinaison de plusieurs modes de transport pour aller d’un point A à un point B. Un nouveau pôle d’échanges sera créé au Quai, en complément des pôles intermodaux de la gare et de Lorraine. Deux nouveaux parkings-relais, connectés au tramway, s’ajouteront aux trois déjà existants (lire ci-dessous). "Toutes les lignes de bus couperont les lignes de tramway, en un ou plusieurs points, pour favoriser ces échanges, précise encore la vice-présidente. Ce qui touche au vélo sera amplifié: les aménagements, le nombre d’arceaux vélos et de box sécurisés le long des lignes de bus et tramway et à la gare Saint-Laud." Dernier point: le transport à la demande, assoupli, permettra des réservations jusqu’à deux heures avant le départ, dans les communes les plus éloignées d’Angers.
D’Ouest en Est, le chantier du tramway touche à sa fin à Angers. Les nouvelles lignes ouvriront le 8 juillet, au lendemain de leur inauguration. En surface, les derniers travaux restant à effectuer ces prochaines semaines concernent certains pavages et enrobés sur les trottoirs, la pose des lignes aériennes de contact, la plantation d’arbres –boulevard Allonneau, place de Farcy et dans la Doutre notamment– ou l’engazonnement de la plateforme ici et là. Les deux nouveaux parkings-relais, l’un situé à Belle-Beille à côté du CNFPT, l’autre à l’extrémité de l’avenue Montaigne, demandent encore des aménagements.
A Monplaisir début 2023
Dès janvier, le tramway arc-en-ciel amorcera ses premiers essais depuis le terminus situé à l’extrémité du boulevard Schuman, à Monplaisir, jusqu’au jardin des Plantes. Puis, ce sera au tour du tronçon ouest, au départ de la rue Lakanal, à Belle-Beille, d’accueillir les nouvelles rames sur la plateforme ferrée. Les secteurs intermédiaires (Front de Maine, Doutre, Molière…) seront également concernés. C’est ainsi que les Angevins devront se réaccoutumer à voir le tramway circuler place du Ralliement et rue de la Roë au printemps. "Ces essais permettent de valider l’infrastructure ferrée, la signalisation ferroviaire, la bonne circulation de l’information entre les rames et le centre de commande, explique Marie-Pierre Trichet, directrice de projet pour Angers Loire Métropole. Une attention toute particulière est également portée au passage des carrefours."
Une fois les essais terminés, place à la période de la marche à blanc sur l’ensemble des tracés. Cette étape, qui durera jusqu’à l’inauguration, permet au tramway de circuler en conditions réelles, à la bonne vitesse mais sans passager. Ce temps est aussi mis à profit pour former les conducteurs sur chaque ligne: la ligne A (Avrillé/Roseraie via le centre de congrès), la ligne B (Belle-Beille/Monplaisir) et la ligne C (Belle-Beille/Roseraie via la place du Ralliement).
Les déplacements étaient apparus comme préoccupation numéro 1 à l’issue des Assises de la transition écologique et des votes citoyens, en septembre 2021. Depuis, Angers Loire Métropole s’est engagée, à travers une feuille de route, à mener quatorze actions liées aux transports et aux mobilités d’ici à 2026 (sur les 63 retenues, tous thèmes confondus). Exemples: 3966 votes, sur un total de 8637, s’étaient exprimés en faveur de lignes de bus express, 3375 votes pour une offre de transport à la demande en faveur des communes de deuxième couronne. 2061 votes sollicitaient la sécurisation du stationnement vélo sur l’espace public et 3415 votes un service de covoiturage en temps réel. Pour bâtir le nouveau réseau Irigo, Angers Loire Métropole a élargi cette consultation à toutes les communes, aux conseils de quartier d’Angers, au conseil de développement Loire Angers et à ses partenaires habituels. Le nouveau réseau Irigo sera évalué six mois après son lancement.
Le service de covoiturage Klaxit cartonne dans le territoire. En septembre 2021, son appli dédiée enregistrait 400 trajets ayant pour origine et destination une commune de la communauté urbaine. Depuis, la courbe est exponentielle: 17000 trajets ont été effectués sur le seul mois d’octobre dernier. "Notre solution intervient en complémentarité avec les transports en commun et s’adresse surtout aux habitants qui ne disposent pas de bus près de chez eux ou qui ont des horaires atypiques", indique David di Narco, le directeur du développement. Cette expérimentation prometteuse a amené Angers Loire Métropole à reconduire son partenariat avec le leader national du covoiturage domicile-travail en France, et à subventionner les trajets pour un résultat économique: 0,50 euro pour le passager, quel que soit l’itinéraire, et de 2 à 4 euros pour le conducteur selon le kilométrage parcouru.
klaxit.com, Ouvre une nouvelle fenêtre
Questions à Corinne Bouchoux, vice-présidente déléguée à la Transition écologique et aux Mobilités
Le nouveau réseau Irigo entrera-t-il en vigueur le même jour que les nouvelles lignes de tramway?
L’un ne va pas sans l’autre, même si le nouveau réseau Irigo ne se résume pas à de nouveaux bus et tramways. Il faut y voir la volonté des élus et de nos partenaires (communes, citoyens, associations de cyclistes, conseil de développement Loire Angers…) de changer les flux pour accélérer fortement la transition écologique. Bien entendu, tout n’est pas parfait, mais à la rentrée 2023, il faudra idéalement que chacun de nous interroge ses besoins quotidiens de déplacement, en les mettant en regard des solutions existantes. Pour y aider, le réseau Irigo sera gratuit une semaine, à partir du 8 juillet. L’occasion de tester des itinéraires et des modes complémentaires qui incluent la marche à pied et le vélo pour les plus courtes distances.
L’intermodalité fait-elle partie des grands enjeux du nouveau réseau?
Le grand enjeu est surtout de convaincre ceux qui ont vraiment le choix de laisser leur voiture au garage, ne serait-ce qu’une ou deux fois par semaine. Nous savons que l’intermodalité, qui consiste à passer d’un mode de déplacement à un autre, est une solution efficace. Un nouveau pôle d’échanges sera d’ailleurs créé, au Quai.
Quels objectifs se donne Angers Loire Métropole?
Si l’on s’en tient à notre plan local d’urbanisme intercommunal, les usagers des transports en commun devront être deux fois plus nombreux d’ici à 2027; la part des cyclistes devra passer de 2,8% à 7% et la part de la voiture, passer de 62% à 48%. L’enquête sur les mobilités menée l’an dernier à l’échelle de notre territoire et des intercommunalités voisines va bientôt livrer ses résultats.
Sur quels autres leviers allez-vous agir pour tenir ces objectifs?
De nouveaux services seront proposés comme des lignes de bus express, un transport à la demande plus agile… Tout ce qui a trait au vélo va être amplifié. Nous allons réétudier le mode d’attribution de la subvention vélo pour plus de justice sociale. Le covoiturage est subventionné plus encore. Dans ce contexte inflationniste, cela a du sens. Le monde va vite, nous avons donc le devoir de nous adapter au mieux.
Le nombre de box vélos sécurisés installés à proximité d’arrêts de bus pour faciliter le premier ou le dernier kilomètre. Trente nouveaux box du même type trouveront également place le long des lignes B et C de tramway. D’ici à juillet, cent places supplémentaires dédiées au stationnement des vélos seront aménagées à la gare Saint-Laud (+30%).
En millions d’euros, le montant global de la subvention accordée aux habitants de la métropole ayant acheté un vélo (ou vélo-cargo) normal ou à assistance électrique. Depuis sa mise en place, en 2019, 7823 foyers en ont bénéficié (chiffres novembre 2022).
Plus d'infos sur les subventions à l'acquisition d'un vélo