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Publié le 11 avril 2023

Seize citoyens ont évalué la feuille de route des Assises de la transition écologique d’Angers Loire Métropole. Cette démarche citoyenne inédite a permis de passer 63 actions au crible.

"La participation citoyenne, j’y crois, ça nous met le vent dans le dos." Le 23 mars, la vice-présidente en charge de la Transition écologique et des Mobilités, Corinne Bouchoux, recevait les citoyens chargés de la première évaluation de la feuille de route issue des Assises de la transition écologique. Objectif? "Recueillir leurs sentiments et leur présenter le fruit du travail effectué. Cette démarche reste assez unique et exemplaire à ma connaissance", souligne-t-elle.

Dès octobre 2020, les habitants ont en effet eu toute latitude pour participer, sous différentes formes, à la co-construction d’actions relevant du quotidien, aptes à relever le défi du changement climatique. 135 propositions ont émergé de ce travail autour de sept thèmes: "Se nourrir", "Se déplacer", "Se loger", "S’épanouir", "Consommer", "Produire et travailler" et "Vivre en bonne santé". A l’été 2021, rebelote. Les citoyens étaient invités à en prioriser 54 dans un bulletin de vote reçu dans leur boîte aux lettres. "Les élus en ont ajouté neuf", précise l’élue. Dernière étape: en février 2022, ces 63 actions ont été actées, engageant Angers Loire Métropole à les étudier et à les mettre en œuvre d’ici à 2026. C’est dans ce cadre que seize citoyens ont participé, de septembre à décembre dernier, à trois séances de travail pour jauger l’avancement des actions.

Une note de 1 à 4

Un mot sur la méthode: les citoyens ont attribué une note à chaque action, allant de 1 à 4: 1 pour les actions non engagées, 4 pour celles déjà visibles, 2 et 3 pour différencier celles tout juste formalisées de celles déjà engagées. Résultats: les 63 actions ont obtenu la moyenne de 2,5/4. La moins bonne note, de 2,1, a été attribuée à la thématique "Se déplacer" et la meilleure à "S’épanouir", avec 3,4/4. Ce thème traitait des moyens culturels, de loisirs ou touristiques à mettre en œuvre pour sensibiliser à la transition écologique.

Valérie Dupont-Monfort, 40 ans, domiciliée à Avrillé, planchait sur ce thème avec son binôme angevin, Yoann Lebris. "J’ai réalisé que le grand enjeu de la transition écologique, c’est d’abord de faire connaître tout ce qui est déjà mis en place et fonctionne dans le territoire, car nous ne le connaissons que partiellement. D’où notre souhait de voir se créer une Maison de la transition écologique. Elle serait un guichet unique centralisant les animations en matière d’écologie et permettrait d’apporter du sens. Cela aiderait à embarquer le plus grand nombre. Nous avons attribué la note de 1/4 à cette action, car tout reste à décider, même si la Maison de l’environnement du lac de Maine dispose déjà d’une offre très importante. La participation citoyenne n’est pas un gadget, je m’y suis sentie vraiment à ma place."

La participation citoyenne n’est pas un gadget, je m’y suis sentie vraiment à ma place.

Les sceptiques de la participation citoyenne invoquent souvent une connaissance insuffisante de la population pour jouer un rôle, hors défense d’intérêts particuliers. "A notre sens, l’expérience des Assises a montré exactement le contraire. Nous avons été frappés par la capacité des citoyens à s’approprier des sujets parfois complexes", jugent d’une seule voix Caroline Durr et Christophe Lesort, membres du Conseil de développement Loire Angers. Tous deux étaient invités à observer les séances de travail qui ont également mis en présence bon nombre de vice-présidents.

"Je ne connaissais pas l’existence des Repair’Cafés coordonnés par l’Etabli et qu’Angers Loire Métropole co-finance. Ces ateliers accompagnent en proximité les habitants souhaitant réparer leur petit matériel plutôt que de le gaspiller. Cette action au profit de la réparation et du réemploi va dans le sens de la transition écologique et les objectifs auxquels nous avons eu accès montrent qu’elle va être amplifiée ces deux prochaines années", exprime Yannick Delanoé. A 61 ans, ce jeune retraité, domicilié à Angers, évaluait le thème "Consommer". "Dès la première réunion, j’ai vu que l’implication de citoyens challengeait tout le monde. J’ai apprécié l’engagement des services qui nous ont donné un état des lieux transparent de chaque action. Cela leur a permis de mesurer à quel point leur travail est utile."

Remettre du sens dans l’action publique

"L’évaluation a eu lieu moins d’un an après le vote de notre feuille de route, c’est court à l’échelle d’une collectivité, souligne Corinne Bouchoux. Pour autant, c’est un défi, pour nous élus, d’entendre les citoyens exprimer ce qu’ils perçoivent de notre travail. D’ici à la prochaine évaluation, nous affinerons les critères pour mesurer les impacts réels de nos actions."

Florian Bouchée, de Saint-Barthélemy-d’Anjou, 33 ans, exprime un sentiment partagé: "Participer m’a aidé à remettre du sens dans l’action publique. J’ai travaillé sur le thème "Vivre en bonne santé" et j’ai été très sensible à la désimperméabiliser des cours d’école à Angers. Le changement passant par l’éducation, il faudrait que cela se généralise aux autres communes. J’ai saisi également comment les élus s’emparent des documents d’urbanisme pour y traduire leurs objectifs en matière de biodiversité dans tout projet d’aménagement. Je suis prêt à recommencer l’expérience."

Isoler les habitations face au changement climatique, une action gagnante

Christophe Boulétreau, éligible à ce dispositif, vient de l’expérimenter. Propriétaire d’un bâtiment de quatre étages, rue Lionnaise à Angers, il témoigne: "Cela m’a été très utile sur le plan administratif et technique." Confiée à l’opérateur spécialisé Citémétrie, missionné par Angers Loire Métropole, l’étude technique a priorisé l’isolation extérieure de la bâtisse via l’utilisation de matériaux biosourcés.

"Les subventions, principalement financées par l’Agence nationale de l’amélioration de l’habitat et les aides d’Angers Loire Métropole, couvrent au final plus de la moitié de l’opération", poursuit le propriétaire. "On sent que la chaleur est mieux répartie dans le logement, je n’ai plus besoin de pousser les radiateurs", relève de son côté Marylène Château, l’une des locataires.

Ces trois dernières années, près de 1200 propriétaires ont été accompagnés et aidés financièrement par "Mieux chez moi". Dédiée à l’amélioration globale de l’habitat, cette plateforme met l’accent sur le volet de la rénovation thermique et énergétique dans le but de s’adapter au changement climatique, hiver comme été.

Appelés à s’y pencher durant leur évaluation, les citoyens ont eu accès aux nouveaux objectifs de "Mieux chez moi" qui prévoit d’assurer, dès cette année, près de 800 rendez-vous relatifs aux conseils techniques, contre 500 auparavant.

Toute l'info sur "Mieux chez moi"

L'évaluation complète est en ligne

Pour se remémorer les 63 actions inscrites en 7 chapitres à la feuille de route des Assises d’Angers Loire Métropole en faveur de la transition écologique et découvrir la note octroyée à chacune d’elles par les citoyens, deux rapports sont en ligne. L’un est consacré à la méthodologie employée; l’autre est une photographie de leur regard, tel qu’il était fin 2022. On y apprend, par exemple, que les actions en faveur d’une nature comestible en ville et en libre cueillette dans l’espace public leur sont apparues bien engagées, que la mise en place de plateformes de broyage des végétaux dans chaque commune n’a pas encore été formalisée, que le soutien au tourisme vert et responsable leur semble bien en place. Les citoyens apprécient le déploiement des lignes de bus express à la faveur de la nouvelle offre prévue par le réseau Irigo, en juillet, pour la mise en service des nouvelles lignes de tramway. Tout ce qui a trait à la végétalisation des villes et aux initiatives visant à inscrire la biodiversité dans les projets d’aménagement leur a paru bien amorcé.

Toute l’info dans la rubrique dédiée aux Assises de la transition écologique

En chiffres

63

Le nombre d'actions inscrites à la feuille de route issue des Assises de la transition écologique que les cioyens ont évaluées. Ceci en lien avec les 7 thèmes: "Se loger", "Se nourrir", "Se déplacer", "S'épanouir", "Consommer", "Produire et travailler" et "Vivre en bonne santé".

18

Le nombre de mois entre chaque évaluation citoyenne. La prochaine aura lieu aura en mai 2024. D'ici là, un nouvel appel aux citoyens volontaires sera lancé.

2,5/4

La moyenne des notes attribuées par les citoyens aux 63 actions.

"Les habitants ont su s’emparer en peu de temps de sujets variés"

Questions à Corinne Bouchoux, vice-présidente en charge de la Transition écologique et des Mobilités

Depuis mi-mars, la première évaluation citoyenne de la feuille de route issue des Assises de la transition écologique est publique. Quel bilan en tirez-vous?
Au-delà des 63 actions sur lesquelles les citoyens se sont exprimés, j’ai envie de souligner la démarche citoyenne qui a caractérisé ces Assises d’un bout à l’autre, en attendant la prochaine évaluation en 2024. Alors que le contexte sanitaire rendait les choses compliquées, nous avons tenu notre engagement de placer les citoyens au cœur de la démarche pour trouver ensemble comment relever ce défi du changement climatique. De septembre à décembre dernier, seize citoyens ont à nouveau pris le temps de s’emparer de nos politiques publiques pour jauger les actions entreprises et celles qui ne le sont pas encore. C’est cela surtout qui me satisfait, car c’est assez exemplaire.

Quelle méthodologie ont utilisé les citoyens pour évaluer les actions et sur quels critères?
Ils ont retenu un système de notation assez simple, allant de 1, pour les actions non réalisées, à 4, pour celles mises en œuvre. Les notes 2 et 3 permettant de différencier les actions formalisées de celles déjà engagées. Au printemps 2024, nous affinerons les critères d’évaluation pour mesurer l’efficacité de toutes les actions déjà engagées.

Que retenez-vous de ces trois séances d’évaluation?
Cela nous a amenés à réexpliquer le sens de notre action qui vise à baisser nos émissions de gaz à effet de serre et à nous préparer au réchauffement climatique. Ceci dans tous les champs de nos compétences en lien avec un tas de partenaires, sachant qu’il y a aussi de nombreux domaines sur lesquels notre collectivité ne peut intervenir. Les services de la collectivité ont été d’une grande utilité et ont pu constater à quel point leur travail est utile. Quant aux habitants, ils ont dû et su s’emparer, en peu de temps, de sujets variés et parfois complexes pour pouvoir jauger l’avancement de la feuille de route.