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, Ouvre une nouvelle fenêtreAvec son plan “biodiversité et paysages” voté le 13 novembre, Angers Loire Métropole se met en ordre de marche pour agir en faveur de la préservation de la faune et de la flore. L’objectif est celui d’une prise de conscience collective pour agir à toutes les échelles du territoire.
Peu visible et encore trop méconnue du grand public, la dégradation de la biodiversité fait pourtant partie des grands enjeux de la crise écologique actuelle. Elle est bien sûr liée au réchauffement climatique, qui altère les conditions de vie de nombreuses espèces, mais pas seulement: l’artificialisation des sols ou encore l’uniformisation des paysages, sous l’effet par exemple de l’agriculture intensive, contribuent fortement à ce phénomène. “Il faut bien comprendre que la biodiversité, ce n’est pas seulement l’émerveillement devant la beauté de la nature. Elle est également une condition essentielle à la survie de l’espèce humaine”, souligne Caroline Houssin Salvetat, vice-présidente d’Angers Loire Métropole en charge de la Biodiversité. Puits de carbone, filtration de l’eau, pollinisation, protection contre les épidémies..., les “services écosystémiques” rendus par la biodiversité sont nombreux et rendent sa préservation indispensable.
Réalisation d’un atlas de la biodiversité locale
Pour y contribuer, les élus d’Angers Loire Métropole ont voté le 13 novembre un plan “biodiversité et paysages”. “Ce plan a été conçu avec une large participation des communes et acteurs naturalistes”, précise Caroline Houssin Salvetat. L’enjeu est de mobiliser tout le territoire autour d’un principe central: mieux connaître pour mieux préserver. Sensibilisation citoyenne autour de lieux-ressources comme la Maison de l’environnement, création de parcours de découverte pédagogiques des milieux et des paysages, actions de sciences participatives..., font ainsi partie des mesures prévues. Lesquelles engagent également le territoire dans la réalisation d’un atlas de la biodiversité intercommunale, pilotée par Angers Loire Métropole avec la participation des communes, d’experts et associations mais aussi des particuliers. Cet atlas apportera une analyse fine des enjeux et permettra un meilleur suivi de la biodiversité locale mais aussi d’émettre des recommandations dans la conduite des politiques publiques. En effet, au-delà des actions propres au plan, l’objectif est bien la prise en compte de la biodiversité “dans l’ensemble des actions menées par nos collectivités, de manière transversale”, souligne Jean-Marc Verchère, président d’Angers Loire Métropole et maire d’Angers.
“Les effets des actions en faveur de la biodiversité peuvent être visibles très rapidement. De quoi nous encourager mutuellement pour passer à l’action!”, conclut Caroline Houssin-Salvetat.
Le saviez-vous ?
Cinq causes principales expliquent la dégradation de la biodiversité, toutes principalement liées à l’activité humaine: la dégradation des terres et l’artificialisation des sols, la surexploitation des ressources naturelles, le changement climatique, la pollution, le développement des espèces exotiques envahissantes.
Quiconque s’intéresse de près ou de loin aux documents d’urbanisme y aura vu ces termes apparaître depuis une quinzaine d’années: trame “verte”, trame “bleue”, plus récemment “noire” ou encore “brune”... Un camaïeu de nuances qui recoupe des notions souvent mal comprises, pourtant indispensables à la biodiversité. “Préserver la biodiversité, ce n’est pas mettre la nature sous cloche, résume Hervé Daniel, enseignant-chercheur à l’institut Agro Rennes-Angers. Les espèces ont besoin de se déplacer et d’interagir entre elles, c’est indispensable à leur survie.” Et cet impératif s’applique à tous les milieux, y compris urbains.
C’est là que les “trames” entrent en jeu, comme autant de corridors biologiques qui doivent être préservés pour permettre le déplacement des espèces. Quant à leurs couleurs, elles détaillent les différents environnements nécessaires à cette fonction. Le vert pour la végétation, qui doit être présente dans ses différentes strates, des buissons ras du sol aux grands arbres. Le bleu pour l’eau, et plus globalement l’ensemble des milieux humides comme les mares ou les berges. Le brun pour les sols naturels, qui accueillent une biodiversité invisible mais bien réelle, et constituent un réservoir de nourriture pour de nombreuses espèces. Enfin le noir pour l’intégrité du ciel nocturne, souvent dégradée par la pollution lumineuse, laquelle perturbe le déplacement et l’habitat par exemple des chauves-souris ou de certains rapaces.
Pour l’ensemble de ces raisons, le plan biodiversité d’Angers Loire Métropole prévoit la préservation et le développement de ces trames. Plusieurs actions y concourent déjà, comme la végétalisation et la désimperméabilisation des sols ou encore le remplacement de 15000 lampadaires plus respectueux du ciel nocturne, dans le cadre du déploiement du Territoire intelligent.
Enjeu majeur de protection de la biodiversité, la préservation des sols naturels relève directement des politiques publiques d’aménagement du territoire. Avec en ligne de mire une échéance claire: arriver en 2050 au “zéro artificialisation nette” (ZAN).
Cette obligation légale suppose l’interdiction de créer de nouveaux espaces artificiels, sauf à “renaturer” des sols déjà artificialisés à proportion égale. Autant dire une révolution dans la manière dont est conçue la création de logements et d’activités économiques: “C’est un véritable changement de paradigme, considère Roch Brancour, vice-président d’Angers Loire Métropole en charge du Logement et de l’Urbanisme. Pendant longtemps le foncier a été considéré comme une ressource ‘infinie’, utilisable à volonté. Ce n’est pas le cas. Le ZAN apporte le cadre nécessaire à cette remise en cause. Cette trajectoire est déjà à l’œuvre à Angers Loire Métropole, avec de nombreuses actions en ce sens.”
En témoigne le recensement des “dents creuses” du territoire, autrement dit les espaces artificiels peu ou pas utilisés. Des échanges sont aussi menés avec les entrepreneurs qui n’utilisent pas la totalité de leur terrain. Objectifs: densifier plutôt qu’étendre, réaménager plutôt qu’aménager. Cet enjeu est d’autant plus important sur le territoire d’Angers Loire Métropole que celui-ci, au cœur des confluences de la Maine et de la Loire, est marqué par la présence des zones humides. Des espaces très riches en biodiversité, qui jouent aussi un rôle important dans la gestion des crues. Leur préservation fait partie des objectifs du plan biodiversité, lequel s’appuiera notamment sur leur inventaire, lancé en 2021 et dont le rapport sera connu prochainement.
La part urbanisée sur l’ensemble du territoire d’Angers Loire Métropole.
La part du territoire dédiée à l’activité agricole sur Angers Loire Métropole.
La part des cours d’eau du territoire considérée comme étant en bon état écologique.
Le nombre d’espèces floristiques (1860) et faunistiques (5571) recensées sur le territoire. Parmi elles, 11% d’espèces protégées et/ou patrimoniales, et 185 espèces exotiques envahissantes.
Caroline Houssin-Salvetat, vice-présidente chargée des Parcs et jardins communautaires et de la Biodiversité
Quels sont les grands traits du territoire en matière de biodiversité?
Notre territoire est riche de nombreuses réserves biologiques, avec des profils variés mêlant espaces forestiers et zones humides. Beaucoup de ces espaces sont d’ailleurs protégés au titre de différents dispositifs, avec par exemple trois sites classés Natura 2000. Cela constitue un réel patrimoine mais qui, comme partout, est menacé et doit être protégé. C’est un enjeu majeur, encore trop peu présent dans le débat public et l’opinion.
Pour quelles raisons?
Le drame de la biodiversité, c’est que sa disparition est silencieuse. Nous avons collectivement perdu le lien avec la nature, et ne voyons donc pas les conséquences de nos actes sur sa dégradation. C’est d’abord ce lien qu’il faut recréer. Cela passe par l’émerveillement, car oui la nature est belle et contribue à la qualité du cadre de vie, et par la prise de conscience des services indispensables que nous apporte la biodiversité. Il faut être conscient d’une chose: c’est bien de notre survie dont il est question. La biodiversité s’est construite autour de l’interdépendance des espèces. Autrement dit, les espèces ont besoin les unes des autres pour se développer. Nous ne faisons pas exception.
Au-delà de la prise de conscience, comment agir?
La bonne nouvelle, c’est que nous savons de mieux en mieux comment nous y prendre pour occuper l’espace en respectant la biodiversité. C’est une responsabilité collective qui va des aménageurs, dont les réalisations doivent intégrer des trames naturelles, aux particuliers, qui doivent en accepter les effets visibles. Par exemple lorsque les “mauvaises herbes” poussent le long des trottoirs. Et bien sûr il faut préserver les espaces vierges: la loi nous y emmène, avec l’objectif, en 2050, du “zéro artificialisation nette”, lequel peut être perçu comme un frein au développement. Il convient aussi d’intégrer les enjeux liés à l’agriculture et accompagner les agriculteurs dans cette mutation. Il y a donc des attentes contradictoires, qu’il faut réconcilier pour aller tous dans le même sens. C’est précisément l’ambition du plan “Biodiversité et paysages” que nous venons d’approuver.