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, Ouvre une nouvelle fenêtreBornes de collecte, composteurs individuels et collectifs vont être massivement déployés d’ici à 2026 pour permettre à tous les habitants de trier leurs biodéchets. Une obligation pour la collectivité, qui suppose une étude fine du territoire pour mettre en œuvre les solutions les mieux adaptées.
Un travail de dentelle. C’est ce qui caractérise le plan de déploiement du tri des biodéchets, mis en place par Angers Loire Métropole pour répondre à l’obligation qui s’applique depuis le 1er janvier à toutes les collectivités : permettre aux habitants de trier leurs déchets alimentaires à la source. En effet, entre les différences de densité urbaine et de typologie d’habitat, individuel ou collectif, impossible d’imaginer une solution unique.
C’est donc un schéma très détaillé qui a été conçu, autour d’une première démarcation : privilégier le compostage partout où c’est possible et réserver la collecte, dans des bornes dédiées, aux quartiers de centre-ville qui n’offrent pas l’espace nécessaire à l’installation de composteurs.
Pour le premier cas de figure, la collectivité ne part pas de rien avec 45 % des habitants qui déclarent pratiquer le compostage, soit un taux parmi les plus élevés de France. Composteurs individuels dans les jardins des particuliers, ou collectifs au cœur des quartiers et dans les résidences : les solutions de compostage sont nombreuses et vont continuer à se développer. D’ici à 2026, la collectivité ambitionne d’installer 150 nouveaux sites de compostage collectif dans l’espace public et pas moins de 1 540 dans l’espace privé, dans les résidences gérées par les bailleurs sociaux et syndics de copropriété. S’agissant de la mise à disposition de composteurs individuels pour les particuliers, gratuite depuis 2020, celle-ci reste bien sûr d’actualité, avec une distribution chaque mois (sauf juillet-août) au centre technique “environnement-déchets” d’Angers Loire Métropole, à Saint-Barthélemy-d’Anjou. Des distributions sont aussi organisées dans les communes de la Métropole, qui pourront ponctuellement accueillir des animations dédiées au compostage.
Deuxième cas de figure : l’installation de bornes de collecte en apport volontaire. Une nouveauté pour la collectivité, mise en œuvre pour permettre le tri des biodéchets dans les secteurs où la solution “compostage” n’est pas envisageable. C'est le cas dans les centres-villes d’Angers et des communes de première couronne, qui représentent 15 % de la population de la communauté urbaine. D’ici à 2026 également, 330 bornes seront ainsi déployées. Une expérimentation est menée depuis fin 2023 à Angers, autour des places du Lycée et La Fayette, qui s’avère des plus concluantes. Début février, au total près de 20 tonnes de déchets alimentaires avaient été déposées dans les 29 bornes installées. Celles-ci sont vidées chaque semaine, leur contenu étant orienté soit vers une plateforme de compostage dédiée à l’amendement agricole, soit vers une unité de méthanisation pour une valorisation énergétique.
Nauséabonde l’odeur du compost ? “C’est une idée reçue. Lorsqu’il est bien entretenu il n’y a pas de problème, tranche Éric Sabot de l’entreprise Label Verte. Il faut notamment veiller à ce que le mélange soit bien aéré, avec l’ajout de matière structurante comme du carton, des feuilles mortes ou du broyat.”
Depuis 2009, Label Verte accompagne les habitants d’Angers Loire Métropole dans la mise en place des composteurs collectifs, en pied d’immeuble, au cœur des quartiers ou sur les places de village. Comme ici à La Bohalle, où le composteur jouxte le Jardin des possibles créé il y a un an par l’association Aicla (Association d’animation et d’initiatives citoyennes Loire-Authion). “Le jardin est un espace d’animation et de partage de savoirs sur le thème du jardinage et du bricolage, explique l’animatrice Marion Delamotte. Il permet d’utiliser le produit du composteur, qui est géré collectivement par les habitants. Cette gestion est source d’échanges et s’inscrit parfaitement dans le projet global.”
Tous les habitants peuvent venir y déposer leurs biodéchets, sous la supervision des référents formés par Label Verte. “Il faut parfois retirer des déchets qui ne doivent pas y être jetés. Quand nous sommes présents bien sûr nous donnons des explications, pour que chacun progresse dans sa pratique du compostage”, détaille la référente Julie Delsalle. “Cela permet de se rencontrer, de discuter, toujours dans la convivialité”, complète sa collègue Brigitte Bezeault. En somme, un petit concentré d’écologie heureuse.
Les déchets alimentaires jetés à la poubelle suivent le même chemin que l’ensemble des ordures ménagères collectées par Angers Loire Métropole, et sont donc incinérés à l’unité de valorisation énergétique de Lasse (une partie résiduelle est traitée par enfouissement, au centre de stockage de La Séguinière). Problème : étant composés de plus de 80 % d’eau, les déchets alimentaires sont de très mauvais combustibles. Leur incinération n’est donc pas une solution satisfaisante.
Le développement du tri des biodéchets doit permettre une meilleure valorisation. D’abord par le compostage. Lorsqu’il est effectué en composteur individuel ou collectif, le compost obtenu est utilisé dans les jardins et espaces verts comme amendement pour les plantations. Il permet donc un “retour au sol” de la matière organique, dans une logique d’économie circulaire.
Les biodéchets déposés dans les bornes de collecte sont eux aussi, pour partie, orientés vers le compostage. Celui-ci est alors effectué sur une plateforme professionnelle, permettant une utilisation du compost en agriculture biologique. L’autre partie est orientée vers la méthanisation, afin de générer un biogaz utilisable en carburant pour les véhicules adaptés ou encore en combustible pour les chaufferies. À noter enfin que le développement du tri des biodéchets va permettre le développement de ces filières, avec à la clé la création d’emplois locaux.
À la différence des composteurs, les bornes de collecte acceptent l’ensemble des déchets alimentaires, y compris les restes de viande, arêtes de poisson ou encore coquilles de fruits de mer. Une différence liée au mode de traitement en aval (plateforme de compostage ou méthanisation). À l’inverse, les végétaux (tontes de pelouse et tailles de haie), qui eux sont admis dans les composteurs, ne doivent pas être déposés dans les bornes de collecte.
En tonnes, le volume d’ordures ménagères collecté en 2022 par Angers Loire Métropole, soit 174 kg/habitant.
En tonnes, le volume de biodéchets actuellement jeté avec les ordures ménagères, soit près de 30 % du volume total.
La part de la population d’Angers Loire Métropole qui déclare composter ses biodéchets.
Le nombre de composteurs distribués par Angers Loire Métropole depuis le lancement du dispositif en 2004.
Jean-Louis Demois, vice-président chargé des Déchets et de l’Économie circulaire
Quel est l’intérêt du tri à la source des biodéchets ?
Il y a d’abord la question du traitement de ces déchets. Ils sont actuellement incinérés, ce qui n’a aucun sens sachant qu’ils sont essentiellement composés d’eau. Leur compostage ou leur méthanisation leur donne donc une valeur : ce ne sont plus des déchets “inutiles”, mais un produit qui contribue à donner de l’activité à des entreprises locales, essentiellement dans le champ de l’économie sociale et solidaire. Ce tri doit aussi permettre de limiter le volume des ordures ménagères et donc, à terme, d’envisager de réduire la fréquence des collectes, du moins dans les secteurs où celle-ci a lieu plusieurs fois par semaine. Ce n’est pas neutre, surtout quand on sait qu’un camion de collecte consomme 70 litres de carburant pour 100 km.
Pourquoi avoir choisi de privilégier le compostage plutôt que la collecte sélective ?
Déjà parce que la collecte sélective suppose de faire circuler des camions de collecte, avec un impact écologique non négligeable. Par ailleurs, le compostage rentre dans le champ de la valorisation “matière”, où le déchet est transformé en un nouveau produit, et sur le plan environnemental celle-ci est plus vertueuse que la valorisation énergétique. C’est le principe de l’économie circulaire : le compost permet un retour au sol de la matière organique. Autrement dit, on rend à la terre ce qu’on lui a pris. Enfin, le choix du compostage permet de s’appuyer sur une pratique déjà ancrée dans le territoire. À titre d’exemple, notre territoire compte 450 composteurs partagés, soit autant que la métropole de Nantes pour une population deux fois inférieure.
Que diriez-vous pour convaincre nos concitoyens d’adopter ce nouveau geste de tri ?
Chaque habitant d’Angers Loire Métropole produit au total 479 kg de déchets par an, en moyenne. C’est un chiffre en légère baisse mais qui reste bien sûr très important. Réduire le volume de nos déchets et réduire l’impact de ceux qui restent constitue l’un des leviers majeurs sur lequel nous pouvons tous agir en faveur de l’environnement. Le tri des biodéchets va dans ce sens, tout comme le tri des emballages qui est devenu aujourd’hui une habitude quotidienne.